En 1831, Jules Dumont d'Urville classe les îles du
Pacifique en trois entités :
- la Polynésie (" les îles nombreuses ") qui comprend les
îles et archipels entre Nouvelle-Zélande, Hawaii et l'île de Pâques
- la Mélanésie (" les îles noires ") qui forme un arc
situé au nord et nord-est de l'Australie et au sud de la Micronésie,
avec Fidji la Nouvelle-Calédonie, les îles Salomon, Vanuatu et la
Nouvelle-Guinée
- la Micronésie (" les petites îles ") au nord-ouest du
Pacifique, dans un triangle entre Hawaii, les Philippines et la
Nouvelle-Guinée ; elle regroupe les états de Micronésie, Marshall,
Kiribati, Nauru, Palau ainsi que les Mariannes et Guam.
Les pirogues du Pacifique se différencient par leurs voiles (en pince
de crabe ou demi-pince, triangulaire, latine), par leur(s) coques (simples
ou doubles), la présence d'un balancier, d'un pont en cas de double
coque. Les extrémités des coques peuvent différer. Leur mature peut
être droite ou formée de doubles espars. Les coques peuvent être
creusées dans un tronc d'arbre ou constituées d'un assemblage de
planches.
Les pirogues diffèrent en fonction de leur utilisation (pêche, guerre,
voyage en haute mer) et de l'aire géographique (plage, lagon, récifs,...).On
distingue également les pirogues monodromes et les amphidromes. Celles-ci
sont symétriques : la poupe devient la proue alternativement au gré des
virements de bords. |
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L'AMATASI porte des voiles formées de feuilles de
pandanus (une famille d'arbres comprenant le cocotier) tressées et liées à 2
longerons. Attachées ensemble, de grandes pirogues doubles de 30-60 pieds
de long pouvaient porter 25 hommes sur des centaines de miles dans le
domaine de Samoa-Tonga |
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Mangareva (en polynésien "montagne flottante") est
la principale et la plus centrale des îles Gambier mesurant 8 km de long
sur 1,5 km dans sa plus grande largeur (15,4 km²). Pitcairn est située
à 350 miles au SE de Mangareva, à 900 miles à l'Est de Tahiti. Selon la
légende, l'arrogant chef Taratahi fut forcé de quitter Mangareva et
naviga jusqu'à une ile nommée Mata-ki-te-rangi, qui pourrait être
Pitcairn. |
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VAKA est un terme maori des îles Cook pouvant
signifier à la fois tribu ("vaka tangata"), ou pirogue
("vaka tere"). Dans les autres langues polynésiennes, le terme
existe également avec un sens identique ou proche, va'a (tahitien), waka
(Maori de Nouvelle-Zélande), vaka en wallisien… |
Les pirogues à coque unique pouvaient elles
aussi atteindre plusieurs dizaines de mètres de longueur et être
utilisées pour des traversées au long cours. |
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Les WAKA sont des embarcations maoris, depuis les
petites pirogues courantes pour la pêche et le transport fluvial (waka tiwai),
jusqu'aux grands canoës de guerre (waka taua), décorés,
dont la longueur peut atteindre 40 mètres (130 ft). |
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VA'A TEU'UA :
exemple de pirogue de guerre à la poupe décorée.
Les peuples du Pacifique ne connaissaient pas le métal ; la construction
des pirogues était faite exclusivement avec des matières végétales. |
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La pirogue de l'ile des Pins porte une voilure latine
micronésienne, introduite d'abord à Fidji et répandue de là à Tonga
et Samoa. Le gréement est presque identique à celui des pirogues
fidjiennes, avec en particulier le losange aplati au sommet du mât, et
perforé pour laisser passer la drisse. Le mât s'incline vers une
extrémité ou vers l'autre suivant le sens de marche, car ces pirogues
sont toujours amphidromes. |
Sur la pirogue d'Ouvéa, la voile ancienne est une voile mélanésienne typique,
triangulaire, en natte de pandanus, avec une vergue parallèle au mât et
un gui oblique, réunis en forme de V à leur extrémité inférieure. |
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La PAHI était destinée aux grands et longs
voyages. Elle était manœuvrée par 4 à 8 hommes selon son importance.
Sa taille était de 17 à 25 mètres. Elle était formée de deux pirogues
assemblées ; le pont permet à environ 16 personnes de prendre place avec
leurs provisions sous un abri. Les deux mâts sont inégaux, le mât
arrière étant plus petit. Une échelle de bambou permet de monter au
mât et d'attacher ou détacher la voile sans abattre le mât |
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Cette PAHI de Raiatea porte un seul mât ; la hutte,
au centre, pouvait être transportée à terre pour constituer un abri
provisoire. Elle est aussi le symbole de la transposition en
mer de la société polynésienne sur la terre ferme, respectant ainsi l’équilibre
social et symbolique terre-mer, tandis que les tikis des panthéons
polynésiens, en proues et en poupes, protègent la pirogue et ses
occupants. Un feu était aussi souvent entretenu à bord, dans un four
constitué de dalles de corail et encastré dans le pont central.
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Le CAMAKAU est le plus
commun des canoës fidjiens à balancier. Sa voile triangulaire, en
pandanus, est orientée vers le bas et et attaché à une des extrémités
du canoë. Sa coque d'environ 10 à 12 m, est creusée dans un tronc
d'arbre. Pour changer de direction, le mât et le point d'amure sont
déplacés à l'autre extrémité de la pirogue amphydrome.
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DRUA, également connu
sous les noms de Na Drua, N'drua, NDRUA ou Vaka Tepu (canoë sacré ), est
une pirogue à double coque originaire des iles du sud-ouest Pacifique. A
la différence du CAMAKAU, le balancier n'est pas un simple rondin mais un
tronc creusé aussi important que la coque. DRUA est une pirogue amphydrome
: les deux extrémités de chaque coque sont identiques mais les deux
coques sont de tailles différentes et la plus petite est toujours au
vent. |
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NDRUA |
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La première description du TONGIAKI a été faite
par les navigateurs hollandais Willem Schouten au large de Tafahi in 1616
et Abel Tasman près de Tonga en 1643. Ce canoë double de voyage pouvait
transporter jusqu'à 150 personnes, selon James Cook, sur une plate-forme
installée sur deux coques identiques. |
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MASAWA est le nom donné aux pirogues à balancier
des iles Trobriand, un archipel au large de la côte orientale de
Nouvelle-Guinée, utilisées pour la navigation en haute mer, à la
fabrication rudimentaire (les espars sont de grosses branches) mais
fortement liée aux rites culturels des iles. La proue et la poupe
comportent un motif sculpté (aigle de mer) |
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Cette grande pirogue, appelée LAKATOI, était
utilisée par le peuple MOTU, à Port Moresby, pour transporter des
matériaux dans le commerce autour du Golfe de Papouasie.
This large canoe, called Lakatoi, was used by Motu people
who lived in Port Moresby, for transporting materials for trade around the
Gulf of Papua. |
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Le TIPAIRUA ou canoë de voyage possède des voiles
distinctives en demie pince de crabe et une coque en bois d'arbre à pain.
Ce type de canoë primaire a servi probablement aux voyageurs de
Polynésie centrale. Les Tipaerua étaient les vaisseaux des rois et des
chefs et pouvaient dépasser les 21 mètres (70 pieds) de long. Elle
était manœuvrée par 4 à 8 hommes selon son importance. |
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Représentation d'un canoë des iles Sandwich aux rameurs masqués,
dessinée lors du troisième voyage de Cook
Planche 65 de l'Atlas Capt. James Cook and King "A
Voyage to the Pacific Ocean" |
John Ledyard, à bord de la « Resolution » quand Cook a
été massacré par les Hawaïens, dit de l'assemblée des indigènes : «
ils s'était réunis à partir de l'intérieur et de la côte. Trois mille
canoës ont été comptés dans la baie ». Le missionnaire William Ellis :
« Les canoës des îles de sandwich semblent éminemment calculés pour
la rapidité, étant bas, étroits, généralement légers, et de faible
tirant d'eau. Un canoë est toujours fabriqué à partir d'un seul arbre :
certains d'entre eux sont de soixante-dix pieds de long, d'un ou deux
pieds de large, et parfois profonds de plus de trois pieds, cependant dans
la longueur ils dépassent rarement cinquante pieds. Le corps du canoë
est généralement couvert de peinture noire…. Sur le bord supérieur du
canoë est cousu, d'une façon remarquablement ordonnée, une petite bande
de bois blanc dur, de six à huit pouces de largeur, selon la taille et la
longueur du canoë. Ces
bandes
se
réunissent et
se
ferment sur
le dessus
à la proue
et
à la poupe…» |
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Une réplique du wa’a
kaulua, un canoe
de voyage polynésien à double coque a navigué en 1976 sous le nom de Hokulea,
d'une longueur hors tout de 62' 5'' (18,7 m), 54' à la flottaison (16,5
m) Voiles en pince de crabe. |
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La pirogue de Wallis porte une voile à 4 pics
(quadrangulaire) de Mélanésie
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Le WALAP d'Enewetak porte une plate-forme et la
coque est creusée dans un arbre à pain. |
Yap est une ile des Carolines, en Micronésie
dont les habitants furent de grands navigateurs du Pacifique, sans compas,
s'orientant avec les étoiles. La pirogue micronésienne, à balancier,
porte une voile latine, triangulaire |
Les pirogues de Micronésie se caractérisent
par une voile triangulaire ; ce sont des praos qui se caractérisent par
une configuration asymétrique : une coque principale portant la voile et
un flotteur disposés parallèlement et reliés par des bras de liaisons.
Le flotteur est généralement plus petit que la coque principale, mais il
peut être aussi long. Il est conservé toujours du même côté.
Dans ce cas la pirogue ne vire pas de bord, mais, à chaque changement de sens, la
proue devient la poupe et réciproquement; la coque et le flotteur sont
symétriques. Elle garde son flotteur au vent. Dans ce cas le flotteur
"au vent", de longueur généralement plus faible que la coque,
peut sortir de l'eau dès l'apparition de la gîte. |
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La plupart des pirogues de Pohnpei (un des
4 états de Micronésie) sont du type "wa" à fond plat, à
guibre aux extrémités aiguës, avec une petite plate-forme au milieu de
l'esquif. Leur longueur est de 6 à 9 m pour une profondeur de 44 cm et
une largeur de 34 cm. |
le KAEP est un prao, amphydrome : le mât est
pivotant. La longueur moyenne de la coque est de dix mètres, sa largeur de 35
cm. et sa hauteur maximum de 90 cm. |
Les pirogues à balancier étaient utilisées dans le
lagon et correspondent à celles utilisées de nos jours ; mais d'autres,
plus grandes, pouvaient supporter une voile et permettaient de naviguer
d'une île à une autre ; on les appelait va'a motu. Les éléments de la
coque étaient jusqu'à la première moitié du 19ème siècle assemblés
par des ligatures de nappe ou fibres de bourre de coco tressées, de part
en part et le calfatage se faisait avec de la bourre de coco imprégnée
de résine d'arbre à pain cuite. Cependant, grâce aux compétitions ou
fa'atïtïäu'ara'a qui les mettent en scène depuis près de cent
cinquante ans, les pirogues à voiles n'ont jamais disparu, et on peut
toujours les admirer naviguant dans les lagons de Tahiti et de Bora Bora… |
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KOSRAE est une pirogue de voyage utilisée à Kiribati dans le Pacifique
central
; elle se distingue des autres pirogues micronésiennes par ses
extrémités recourbées.
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