Brise-glace en Arctique |
Les pays riverains de l’océan Arctique (Russie, Canada, États-Unis avec l’Alaska) mettent en œuvre depuis longtemps des brise-glace ; plusieurs capitales (Helsinki, Tallin, Stockholm ainsi que St Pétersbourg) bordent le golfe de Finlande ; la mer Baltique est en partie encombrée par les glaces l’hiver d’où la nécessité là-aussi de brise-glaces. Renouant avec la tradition des grandes explorations russes vers le « Passage du Nord-Ouest » de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, Saint Pétersbourg, en accompagnant les navires ordinaires des brise-glace, a entrepris de débloquer le passage, désormais appelé Voie maritime du Nord, dont l’entrée est Mourmansk, favorisée par la présence d'eaux tièdes même en hiver le long de la côte. Dès Pierre le Grand, l’exploration de la côte nord de la Russie est engagée. |
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Le chantier Britnev de Kronstadt lance le premier
brise-glace en 1864 pour assurer la navigation entre Kronstadt
et Oranienbaum, à l’Ouest de St Pétersbourg. PILOT a été
construit (en 1862 ?) comme un remorqueur à vapeur d’environ 26 m de
long avec une machine à vapeur de 85 ch. La proue a été modifiée pour
permettre au navire de se pousser sur la glace et de la casser. En 1899, le gouvernement russe acquiert ERMAK, construit à Newcastle, sur les plans de l’amiral Stepan Makarov : 5.128 tonnes, dim. 305 x 71 x 25 ft.. Turbines à triple expansion de 10.000 ch, trois propulseurs d’étrave et un de proue. Il est utilisé dès lors en mer Baltique. |
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Le chantier Nevsky lance en 1909 deux brise-glaces pour le Gouvernement Impérial Russe, TAIMYR et VAIGACH utilisés pour le premier débarquement sur l’île Wrangel (1911), puis pour l’Expédition Hydrographique en Océan Arctique (1910-15).Tonnage 1.290 tons, déplacement 1.500 tonnes, longueur 175 ft (53.34 m).Propulsé par une machine à vapeur de 1.200 ch à la vitesse de 10,5 nœuds. | |||||
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A la veille de la révolution, la marine
tsariste va mettre en service plusieurs brise-glaces d’origine
britannique : |
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V.Yu. Vize (1886-1954).météorologiste, océanographe, explorateur, participant à l' expédition de G. Sedov (1912-1914), expéditions avec les Brise-glace TAIMYR (1921-1922), MALYGIN (1924, 1928, 1931), SEDOV (1929), SIBIRIAKOV (1932), LITKE (1934). |
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ALEKSANDR SIBIRIAKOV 1.132 tonnes, 467
net, dim. 241 x 35.8 x 16.9ft.Propulsé par une machine triple expansion,
2.000 ch., vitesse 11 nœuds. Utilisé pour le transport de matériel du
Royaume Uni à Arkhangelsk. Lors de sa navigation avec Otto J. Schmidt au
départ d’Arkhangelsk le 28 juillet 1932 pour un voyage non stop via la
route nord vers le détroit de Béring, il perd la propulsion et sort du
détroit sous voiles. C’est le début de la navigation régulière le
long de la côte Sibérienne. Sous le nom de LD-6 il est coulé par le
croiseur “Admiral Scheer” le 25 août 1942. Le détroit en mer de Kara
et une montagne en Antarctique portent le nom de “Sibiryakov” en
honneur du navire héroïque. FEDOR LITKE est lancé sous le nom d’EARL GREY pour le service à travers le détroit de Northumberland entre le Nouveau Brunswick et l’île du Prince Édouard. Après une collision en 1917, il est réparé et renommé FEODOR LITKE en 1928.En 1934 il accomplit le premier passage Est-Ouest le long de la côte nord de Russie de Vladivostok à Mourmansk. Retiré du service en 1958 |
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GEORGIY SEDOV
Tonnage 1.140 grt, dim. 240.7 x 35.8 x 24.5ft. Construit en 1916 sous le nom de BEOTHIC, il est vendu au gouvernement russe et en 1920 prend part à la première Expédition Arctique Soviétique à l’embouchure des fleuves Ob et Ienisseï En 1929 il participe à l’Expédition en terre François-Joseph transportant des scientifiques. En octobre 1937, après une exploration en mer de Kara il est envoyé au secours de deux autres brise-glaces, prisonniers des glaces, SADKO et MALYGIN. Le 28 aout, YERMAK rejoint les autres navires et remorque SADKO et MALYGIN tandis que le Sedov, l’hélice endommagée, reste dans les glaces. Après deux ans de dérive, le 3 décembre 1939, Papinin est envoyé à bord du JOSHEP STALIN et 959 jours après son départ, le SEDOV rejoint Mourmansk. SADKO 21 janvier 1913 lancé sous le nom de LINTROSE Tonnage 1.616 gross, 506 net, dim. 255.0 x 28.3 x 22.7ft. Propulsé à 15 nœuds grâce aux 3.500 ch fournis par les quatre chaudières d'une triple expansion, il peut transporter 80 passagers 1ère classe et 150 passagers seconde classe. Construit pour le service régulier entre Port aux Basques, Newfoundland et North Sydney, Nouvelle-Écosse. Vendu au gouvernement Impérial pour transporter du matériel de guerre depuis Arkhangelsk. Octobre1933 : il est remis à flot après un naufrage survenu en 1916 et part en 1935 pour une mission de 85 jours. Il coule le 11 septembre 1941 sur un récif de la terre François-Joseph. MALYGIN Livré en janvier 1912, il sert de ferry dans le détroit de Cabot. Vendu en 1916, renommé en 1920, il prend part aux recherches de l’expédition Nobile. 1930 avec KRASIN il atteint la position de 81 47N. |
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KRASIN
construit par le chantier Armstrong, Witworth & Co., Ltd, Newcastle,
GB sous le nom de SVIATOGOR livré en février 1917Tonnage 5.168 gross,
2.342 net, avec un déplacement de 9.300 tonnes. Dim. 323.2 x 71 x 26ft.,
Lpp. 297ft. Trois chaudières triple expansion, 10.000 ihp,
connectées à 3 hélices, vitesse 15 nœuds. Lors de la guerre civile en
Russie, il est sabordé dans le port d’Arkhangelsk ; il est pris
par la Royal Navy le 3 août 1918 qui le remet en état et l’utilise
jusqu’en 1921 avant de revenir à Leningrad, puis Mourmansk sous l’impulsion
du commissaire du peuple au commerce extérieur L.B. Krasin dont il prend
le nom en 1928. Le navire sert à maintenir ouverte la route du nord. 1933 : Il entreprend un voyage hivernal au nord de la Nouvelle Zemble, première hivernale à cette latitude. En 1938 il sauve le LENIN pris dans les glaces. En 1941 il entame un second voyage autour du monde sous le commandement de M.G. Markov avant de passer la guerre sur les routes du nord pour escorter les convois Russes and Alliés en Arctique. Après un passage aux chantiers Mathias Thesen Werft en RDA en 1957 il sert jusqu’en 1972 puis converti en navire de recherche. Il est devenu un musée flottant à St Pétersbourg. |
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VLADIMIR ILICH
est construit par le même chantier britannique que KRASIN sous le nom de
St ALEXANDRE NEVSKY. Tonnage 3.375 gross, dim. 264.2 x 64.1 ft. 8.000 hp., 3 hélices, vitesse 19 nœuds. Renommé LENIN en 1923, il est en service en Russie avec 122 hommes d’équipage. Perdu en octobre 1943 à la position 74 00N 57 00E, il est réparé entre 1946 et 1947 par Vickers Armstrong. Il devient en 1957 VLADIMIR ILICH après la mise en service d’un nouveau brise-glace LENIN à propulsion nucléaire. Démoli en 77. En 1935, sort du chantier André Marti de Leningrad le DEJNEV,
portant le nom de l’explorateur russe Simon Dejnev qui en 1648
atteignit, point le plus oriental du continent asiatique, le cap Dejnev.
Tonnage 3.578 grt, 1.678 net, dim. 335 x 49ft. Spécifications: 7330
t, 104x15 m, 2500 hp, 12.5 nœuds, équipage 122. |
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L’objectif de garder un service polaire régulier amènent les russes à la commande de 4 brise-glaces sur les plans d’ERMAK. Le premier, JOSEPH STALIN, est lancé le 14 août 1937 par le chantier Ordzhonikidze de Leningrad. Tonnage 4.866 grt., déplacement 11.000 ton, dim. 107 x 23 x 9.3m.3 triple expansion, 10.050 ch., vitesse15.5 nœuds. Équipé d’une catapulte. Équipage 142. Il conduit le GEORGY SEDOV en dehors des glaces lors de son historique dérive de 800 jours en 1940. Après la chute de STALINE, il continue de naviguer sous le nom de SIBIR jusqu’en 1977. | |||||
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KAPITAN BELOUSOV est en 1953 le premier
brise-glace diesel-électrique où le moteur diesel alimente le moteur
électrique qui à son tour entraîne les hélices) soviétique d’après-guerre.
Premier d’une série de 3 issus des chantiers Wartsila à Helsinki, il
sert essentiellement en mer Baltique mais aussi en Arctique. Il navigue
désormais sous pavillon ukrainien.
LENA est livré en 1953 par le chantier néerlandais "De Schelde". En 1955/56, avec son sister ship OB, il transporte l’expédition russe en Antarctique de M. Somov pendant l’année géographique internationale. Lors de son escale à Adélaïde, il sera accueilli par l’explorateur australien Sir Douglas Mawson. Il sera démoli en 1983. |
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En 1957, apparaît le premier brise-glace nucléaire, premier navire de surface à propulsion nucléaire dans le monde : LENIN. Le saut technologique est important : on passe de 7.503 à 14.067 GRT , de. 129.5 x 18.8 m (LENA) à 134.0 x 27.6 m. Les 2 réacteurs nucléaires et 4 turbines à vapeur mettent en action 3 hélices de propulsion, 2 sur le travers et 1 centrale pour une puissance de 29 MW (39 000 hp) Après deux accidents sur son réacteur en 65 et 67, le navire est désarmé en 89 pour être transformé en musée à Mourmansk. Il aura joué un rôle important en permettant le maintien de la route du nord. | |||||
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Le chantier finlandais Wärtsila livre
en 1960 un nouveau diesel-électrique russe, MOSKVA, premier d’une série de 5
et à ce moment-là, le plus puissant du monde. Ses tôles ont une
épaisseur maximale de 5,4 cm. En 1985, il participe au sauvetage de 3000 bélugas
près du détroit de Béring. Démoli en 1998. Les derniers navires de classe MOSKVA viennent en 1968 : MURMANSK et VLADIVOSTOCK Ils sont les premiers à résister à la pression de la glace qui a rendu les prédécesseurs inopérants. Le 26 Juillet 1985, VLADIVOSTOCK libère le ravitailleur MIKHAIL SOMOV de la glace en Antarctique. |
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Une nouvelle classe de cargos polaires est produite à partir de 1962 directement par les chantiers russes: AMGUEMA produit par Leninskogo Komsomola de Komsomolsk, sera néanmoins considéré comme trop petit. | ||||
Les chantiers de Leningrad (St Pétersbourg) vont construire 16 navires du type LEDOKOL nommé en 1966 VASILIY PRONCHISHCHEV Beaucoup plus petits (Tonnage 2.305 GRT, dim. 67.7 x 18.06) ils sont armés de 3 diesels couplés à 3 générateurs connectés aux moteurs électrique, 5.400 hp. Rayon 5.700 miles ou 17 jours en totale autosuffisance. Ils servent également de remorqueurs. |
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La seconde génération de brise-glace
nucléaires apparaît avec ARKTIKA (opérationnel en 1975), suivi
de SIBIR (opérationnel en 1977), puis ROSSIYA
(opérationnel en 1985), Sovetskiy Soyus (opérationnel en 1989) et YAMAL
(opérationnel en 1992). ARKTIKA est construit à Leningrad et livré le 30 décembre 1974 à Murmansk Shipping Co Tonnage 18.172 gross, 3.018 net, 4.096dwt., dim. 148.00 x 30 x 17.20m., . Équipé de deux réacteurs nucléaire et 4 turbines à vapeur développant 75.000 shp, sur 3 générateurs connectés à 3 hélices. Vitesse 18 nœuds. Rebaptisé ILICH BREJNEV en 82, il reprend son nom en 86. Il ouvre la voie aux navires au départ de Mourmansk. Le 17 août 1977, il est le premier navire de surface à atteindre le pole Nord géographique. |
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SIBIR Propulsé par deux réacteurs nucléaires
et 4 turbines Kirov pour 75.000 shp., pilotant 3 générateurs connectés
à 3 hélices donnant une vitesse de 21 nœuds. Capable de briser une glace épaisse de 2
mètres, il part de Mourmansk le 5 mai 1978 avec le cargo KAPITAN
MYSHEVSKIY pour un voyage de 3200 miles dont environ 2000 dans la glace
pour rejoindre Magadan par le détroit de Béring. Dans la classe ARKTIKA, le petit dernier, ROSSIYA, est d’un tonnage légèrement supérieur et son équipement de propulsion un peu plus puissant (52MW, 69.733 hp) lui permet d’atteindre 20 nœuds. Tonnage 20.680 grt, 2.752 dwt., dim. 150.0 x 30.0m. |
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YAMAL, achevé en octobre 92, n’a jamais rempli le rôle
désigné d’ouverture des voies d’eau : il a toujours transporté
des passagers lors d’excursions en Arctique ; il est le 12ème
navire de surface à atteindre le pole Nord. Plus puissant brise-glace du monde,
sa double coque contient des ballasts permettant avec un système de jets
d’air de briser la glace. |
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En parallèle avec les brise-glace nucléaires, les russes vont continuer leurs achats de brise-glace conventionnels auprès de Wartsila en Finlande. Après la classe MOSKVA, apparaît la classe YERMAK avec YERMAK, ADMIRAL MAKAROV (1975) et KRASIN (deuxième du nom, 1976) Far-East Shipping Company (FESCO) utilise ADMIRAL MAKAROV depuis Vladivostok pour remorquer des docks flottants (Yougoslavie 1981, Japon 1981, de Petropavlovsk-Kamchatski aux Bahamas en 1999) ou pour assister les navires du terminal pétrolier de Primorsk en mer Baltique ou du port de De-Kastri (cote est de la Russie) à travers la mer de Tartarie. | |||||
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La troisième génération de Brise-glace nucléaires vient avec TAYMYR et VAYGACH dont la coque construite chez Wartsila est ensuite motorisée en Russie. Équipé d'un réacteur délivrant 50 000 ch, ces Brise-glace servent à dégager les embouchures et les estuaires des fleuves. |
A suivre : Brise-glace en Arctique (2) |
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